29 02, 2012
Retour en passant par la case départ
C’est dans un froid de canard que nous quittons St-Pétersbourg un matin. 3 jours affreux nous attendent, à rouler dans un -20 °C jusque Helsinki. Le problème est le suivant : habillés comme des chasseurs de phoque, on se déshydrate sous nos mille couches. L’eau des gourdes étant gelée après 20 minutes, notre corps est en manque d’eau et les muscles se crispent. Mais s’il fait froid dehors, ça bouillonne à l’intérieur : l’excitation monte et le retour approche ! Notre entrée en Europe en est la preuve.
La Finlande, le pays d’Erasmus de Maki, file. Dans la foulée, une nuit caillante sous tente nous donne la leçon : ici on doit chercher l’accueil pour la nuit. Un bateau nous mène en Suède où le climat est bien différent : les températures avoisinent les 0 degré, une température pas dérangeante quand on est en mouvement. Visite furtive de Stockholm et quelques jours de pédalage dans un paysage sous un manteau de neige. La nuit, nous demandons l’accueil aux fermes.
L’ami Zob nous rejoint, une fois de plus, pour participer à notre fin de voyage. On prend le bateau vers l’Allemagne, dont l’accueil nous bluffe tout à fait. Les gens et leur gentillesse viennent encore augmenter notre dette : on a énormément reçu et il va falloir donner ! Cette fois c’est définitif : le froid est tombé, mais un vent de face s’est levé (il nous lâche pas jusqu’en Belgique). Les églises protestantes prennent le relais pour les nuits.
De là, tout va très vite : on entre Belgique (gros trip sur le panneau de la frontière), une journée dans la maison de campagne de Zob avec des amis, et on arrive à Leuven où une vingtaine de nos potes proches sont là pour une soirée autour d’un feu. On a du mal à croire que notre arrivée est si proche ! Tous ces potes nous accompagnent pour les derniers 40 km, un vent de liberté souffle une dernière fois dans nos roues (dixit Elie). Et puis, c’est la surprise sur les 3 derniers km. Des petits groupes nous attendent sous des banderoles et enfourchent leurs vélos pour nous accompagner. Le peloton grossit, notre cœur aussi. Et, par cette simple règle que tout finit par arriver, on tourne le dernier coin. Retour à la case départ, devant la maison d’où nous sommes partis 16 mois plus tôt. C’est féerique ! Tout le monde est là : la famille, les amis de tout horizon. Nous nous forçons de paraître normal mais dans la tête c’est le chamboulement total. Les émotions sont violentes, la sensation est grandiose, d’autant plus qu’on ne s’attendait à cet accueil !
C’est dans cette ambiance autour d’un bon vin chaud que l’on réalise indiscutablement que l’on met fin à ce voyage éclectique, à cette parenthèse de rêve, mais aussi au manque de confort, à des mois de nomadisme. Fini les départs avec un arrachement, on pose le pied à terre une fois pour toute. Qu’on est bien chez soi, dans notre vraie terre promise ! Une expérience chargée en émotion, en découvertes et une amitié encore une fois indélébile entre nous deux : pour le meilleur et pour le pire. Et même entre nous 3 puisque Sam est bien sûr parmi nous. Des milliers de souvenirs de gens qui nous ont aidés, parfois nourris comme leurs propres enfants, des amitiés parfois sans mot qu’on a pu partager…trop pour pouvoir expliquer nos sentiments, beaucoup trop.
Merci à tous ceux qui étaient là pour tourner avec nous cette dernière page !
Pour la petite histoire, Max reprendra ses études de géographie et Maki sera coursier à vélo dans Bruxelles (on ne change pas les habitudes). Ce gros bol d’air avant la vie active ne pourra que nous faire du bien. Ils furent heureux mais n’eurent pas d’enfants.
En espérant pouvoir en inspirer d’autres…