22 12, 2011
L’ile équatoriale
S’il est bien vrai que Bornéo est l’un des endroits les plus biodiversifiés de la planète, abritant une vaste forêt primaire et offrant une mosaïque de curiosité biologiques et géologiques ahurissante, ce n’est pas pour autant que nous avons pu capter ce « sauvage » .En fait, nous avons choisi de traverser l’île par le pays développé qu’est la Malaisie. Ici, le combat conservation de la nature versus développement économique prend une horrible réalité. La nature restante est cadrée, aménagée, payante, comme si elle était devenue un joyau rare qui connaissait une ultime ruée par quelques (riches) nostalgiques avant de disparaître complètement. Enfin pas d’exagération, nous avons pas pu expérimenter tout ca entre autre par difficulté d’accès (il faut pénétrer de plus en plus loin) et par notre choix d’itinéraire (2/3 de la forêt se trouve dans le Kalimantan, la partie indonésienne). En espérant que la Malaisie pourra au moins tirer de son état de développement une meilleure manière de prendre soin de son environnement que du côté indonésien, où les actions de bonnes volontés sont saccagées par le manque d’institutions nationales.
La traversée est plus banale qu’on pensait donc. Le décor est plutôt stable : des plantations de palmeraies de part et d’autre de la route. C’est la dernière trouvaille pour donner un coup d’accélérateur à la déforestation de la forêt tropicale, suite à la décision des pays développés d’utiliser du biodiesel comme substitut des combustibles fossiles. Les opérations sont tant lucratives pour les locaux que l’environnement est oublié. Les effets sont pourtant dévastateurs : les feux pour mettre en place les plantations (ou les accès à celles-ci) libèrent plus de carbone que le remplacement des combustibles fossiles par ladite huile de palme produite Sans compter que le sol tropical qui – malgré une abondance de la vie en surface – est ironiquement pauvre (les nutriments sont balayés par les pluies régulières) subit une détérioration irréversible. On connait aussi les méfaits de la monoculture la faune, la flore et leurs luttes contre les parasites et les ravageurs dont le développement devient excessif. Bref la déforestation est visible, surtout quand on traverse les fleuves (qui servent d’autoroute) et le jour où les orang-outangs pouvaient sauter d’arbre en arbre pour traverser Bornéo paraît maintenant bien loin.
Enfin malgré ces écarts pessimistes, on apprécie fort les quelques points de nature (contrôlés par l’Homme) qu’on a pu visiter : le parc naturel insulaire de Bako, les orangs-outangs aux comportement très humains d’un centre de réhabilitation, les énormes (synonymes) grottes de Niah, et les fonds marins de la petite île de Mamutik. Comme à son habitude, le reste se fait sur la route, quand les pluies d’après-midi ne nous arrêtent pas. Si on ne se retrouve pas dans la jungle forestière comme on l’attendait, c’est toujours un véritable jungle multi-culturelle que nous côtoyons, à l’instar de la péninsule de Kuala Lumpur.
Humainement aussi c’est plutôt riche, toujours avec la présence de Zob. Malheureusement il nous quitte, non sans terminer comme on avait commencé avec lui, c’est-à-dire sur une île connue pour ses récifs de corail sur laquelle on s’adonne au snorkeling et aux échecs. Merci vieux pote ! C’est le retour au vieux couple : Max ronfle la nuit, Mak pète le jour, l’équilibre est rétabli. Nous atteignons Sandakan – d’où nous embarquons dans un ferry pour les Philippines – par un détour en montagne. 2000 m de déniv qui nous font ressurgir des souvenirs du Tibet, mais cette fois sous une chaleur tropicale !